Le développement personnel

Le développement personnel : quelques éclaircissements à ce sujet


Le développement personnel : qu'est-ce ? En quoi cela diffère de la thérapie ? Vous vous posez ces questions et à juste titre. Ce terme est tellement employé que l’on a l’impression qu’il ne veut plus rien dire. Sur internet, on peut trouver un tas d’informations. Certaines plus justes que d’autres, ou plus ou moins pertinentes. Voici un petit tour d’horizon de ce que vous trouverez sur le net à propos du développement personnel. Mais d’abord, une explication sur ce que représente ce champ.

Ce sont principalement les travaux d’Alfred Adler (1930) et de Carl Gustav Jung (1921) en Europe qui ont été associés au développement personnel, qui n’existait pas à leur époque même si, selon ses promoteurs, les questions du sens de la vie posées par la philosophie et la religion sont à l’origine du développement personnel qui constituerait ainsi une réponse à ces questions. En vérité, le domaine du développement personnel est un peu plus ancien que le 20e siècle et a vu sa naissance à l’ère victorienne, en pleine révolution industrielle, sur des questions de volonté et de « self-control » (contrôle de soi) comme moteur de la société nouvelle. En 1859 est apparu le premier ouvrage de développement personnel, intitulé Self Help (s’aider soi-même) par Samuel Smiles. Aujourd’hui, ce terme est repris par les anglophones pour désigner le champ entier des ouvrages de développement personnel (« self-help books »).

En psychologie, le terme développement personnel représente un ensemble de méthodes destinées à améliorer le bien-être de l’individu. Une meilleure connaissance de soi peut être une de ses méthodes, mais aussi la valorisation de son potentiel, l’amélioration de la qualité de vie, vivre en accord avec ses valeurs et aller vers ses aspirations. Le développement personnel est à distinguer de la psychothérapie, celle-ci visant à soulager l’individu d’un trouble spécifique qui génère de la souffrance psychique. En cela, le développement personnel et la psychothérapie participent tous deux au cadre général du bien-être.

La notion de développement personnel recouvre plusieurs domaines, selon qu’elle est utilisée par des psychologues, des utilisateurs de techniques New Age, les coachs, les éducateurs et les spécialistes du travail. Les techniques de développement personnel visent la transformation de la personne qui peut ainsi, grâce à ces méthodes, se « libérer » de certains aspects pathologiques (ex : mieux vivre avec les autres), améliorer ses performances (ex : devenir un super-héros de la gestion du temps) et s’enquérir, peut-être par pure curiosité intellectuelle, sur le comment et le pourquoi de notre existence – une poursuite jadis relevant de la pratique religieuse.

Pour Christophe André, Médecin psychiatre à Paris (qui est aussi celui qui a apporté la méditation pleine conscience en France et qui a énormément contribué au domaine du développement personnel contemporain…) : « Le développement personnel sérieux invite avant tout à expérimenter pour se faire son avis par soi-même… C’est la pratique qui va être décisive pour le stagiaire ou le lecteur. » Ici, Christophe André fait donc la différence entre un développement personnel qui serait sérieux et un autre qui relèverait plus du charlatanisme, avec promesses de miracles inatteignables. Avis aux lecteurs.

Aujourd’hui le domaine du développement personnel connaît un essor jamais constaté auparavant. Afin d’illustrer cet engouement, je cite un article publié par Capital en février 2014 : 20% des stages de formation professionnelle portent sur le développement personnel et lorsqu’on parcourt le site … Amazon.fr, poursuit l’article, il y a plus de 11 000 livres sur le sujet (à la date du 31 octobre 2013). Pourquoi ?

Dans son livre, Je hais le développement personnel, Robert Ebguy, sociologue et directeur de recherches au Centre de Communication Avancée international, nous livre ses avertissements : « Le phénomène le plus important de l’évolution sociale est la prééminence de l’individualisme. Depuis le déclin des utopies collectives, on a vu émerger l’archipel des solitudes, une culture de l’éloignement des individus les uns par rapport aux autres, jusqu’à parfois l’indifférence. Une crise profonde du lien social remet en cause tout ce qui fait société. Les liens sociaux se sont distendus, au profit du culte de la compétition et de la performance individuelle. »

Plus loin, Robert Ebguy soutient que cette nouvelle forme de société apporte un risque réel d’effondrement psychologique sous la forme de dépression, notamment. Entre donc dans la scène les coachs, ceux qui seront là pour panser les maux lorsque notre société sera dissociée et écartelée.

« L’argumentaire du coaching suit les lignes de fracture de notre société, il reflète fidèlement tous les manques et les manquements de notre époque. Si la « société de casting » a promu le narcissisme et les panoplies de consommation comme anesthésiants de la douleur provoquée par cette dissociation, cela ne suffit plus. Ce système craque de toutes parts, il perd de sa consistance. La « société de formatage » propose des modèles d’adaptation en correspondance avec les attentes sociales, elle nous dit comment y parvenir, elle modélise les parcours des individus. »

Pour Robert Ebguy donc, le développement personnel serait autant de moyens de ranger les individus dans la ligne droite des nouvelles attentes de la société.

Mais tout n’est peut-être pas si noir, et si le monde du coaching reste assurément mercantile, tout dans le monde du développement personnel n’est pas non plus à jeter. Dans son livre, La Société du malaise, Alain Ehrenberg, sociologue, nous livre sa vision des choses : « En cherchant à retourner à ce qu’il y a de vrai, de bon, de puissant en nous, en cherchant à nous améliorer, nous ne faisons pas que contribuer à notre bonheur personnel, nous œuvrons aussi pour un changement collectif, qui ne manquera pas d’intervenir de surcroît. Développer la capacité à compter sur soi en même temps que l’empathie envers autrui, découvrir ses propres forces dissimulées dans ses défauts ou ses symptômes, être ouvert aux autres,… ». En cherchant à s’améliorer, donc, nous développons des qualités utiles à la société, à la collectivité et à soi-même.

Dans son livre, le changement personnel : histoire, mythes, réalités, Nicolas Marquis, sociologue, nous invite à se questionner sur ce que veut dire « se changer », puisque le développement personnel mène fatalement à un changement de soi : « Le changement personnel possède quelque chose de sacré et qui crée en nous une certaine ambivalence. Il s’agit de quelque chose qui nous attire, et en même temps d’un processus que nous craignons. » Pour Nicolas Marquis, nous pouvons avoir deux motifs de changement : soit l’épanouissement soit la performance. De cela sont donc nées deux branches de coaching : le coaching personnel (être mieux dans sa vie et avec soi-même) et le coaching professionnel (être plus performant au travail).

Une autre explication possible de cet engouement pour le développement personnel est celle donnée par Nicolas Marquis dans Le changement personnel : histoire, mythes, réalités : « Au final, la mouvance actuelle autour du changement personnel permet à nos contemporains de traiter un ensemble de questions que se posent tous les êtres humains, quelles que soient leur origine et leur époque : pourquoi m’arrive-t-il ce qui m’arrive ? Quelle est ma responsabilité là-dedans ? L’ai-je mérité ou non ? Comment vais-je m’en sortir ? Que puis-je espérer dans ma vie ? Etc. »…

Dans une interview dans Le Point, publiée le 28 septembre 2014, Nicolas Marquis poursuit : « Ce ne sont pas les livres qui obligent les gens à travailler sur eux-mêmes. Si les lecteurs vont chercher une réponse dans ces ouvrages, c’est qu’ils ont la conviction qu’ils peuvent quelque chose à ce qui leur arrive. » (Le Point : Pourquoi lisons-nous des livres de développement personnel ?). C’est donc aussi la perception de ce qu’est la vie qui nous amène consommer des ouvrages de développement personnel : la vie comme quelque chose qui peut être contrôlée, du moins en partie, par la volonté du Soi.

Pour conclure, je citerai encore Nicolas Marquis de son ouvrage le changement personnel : histoire, mythes, réalités :

« Deviens ce que tu es ! S’il existe une formule qui condense la vulgate du changement personnel aujourd’hui, c’est bien celle-là. Attribuée d’abord au poète Pindare (Ve siècle avant J.-C.), elle a été reprise, partiellement ou totalement par Épicure, saint Augustin et, plus près de nous, Nietzsche, avant de se retrouver accaparée avec plus ou moins de bonheur par la nébuleuse ‘psycho-mystico-ésotérique’… du développement personnel contemporain. »

Afin de poursuivre, voici un lien vers une émission de France Culture, Sommes-nous entrés dans la société du développement personnel ? du 29/12/2014 :

http://www.franceculture.fr/emissions/modes-de-vie-mode-d-emploi/sommes-nous-entres-dans-la-societe-du-developpement-personnel

En vous souhaitant une bonne quête de soi.



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